8.9.2006

Viðtal við la Libération

Björn Bjarnason, ministre islandais de la Justice, commente le départ des Américains:

«Les menaces n'ont pas disparu»

Par Anne-Françoise HIVERT

QUOTIDIEN : Samedi 2 septembre 2006 - 06:00

Björn Bjarnason (Parti indépendant), le ministre islandais de la Justice, commente la décision américaine de fermer la base de Keflavík.

Avez-vous été surpris par la décision de fermer la base ?

Rétrospectivement, je trouve étrange que les Américains ne soient pas partis plus tôt. Si leur décision ne m'a pas surpris, c'est plutôt la forme sous laquelle elle a été présentée qui m'a étonné, ainsi que les limites assorties au mandat des négociateurs. Les Etats-Unis, qui ont manqué de tact diplomatique, semblent considérer la fermeture de la base comme une question de politique intérieure. Cela leur permet d'ignorer nos exigences.

Comment envisagez-vous l'avenir de la défense islandaise ? 

En vertu de l'accord de 1951, les Etats-Unis sont tenus d'assurer la défense de notre pays. Reste à déterminer sous quelle forme. L'Islande est aussi membre de l'Otan. Nous appartenons à l'espace Schengen. En avril, j'ai rencontré la ministre française de la Défense (Michèle Alliot-Marie) : à l'avenir, les navires français pourraient, par exemple, visiter plus souvent les côtes islandaises. Nous avons aussi des contacts avec les Norvégiens et les Danois.

L'Islande doit-elle se doter d'une armée ? 

Pour un pays qui n'en a jamais eu, c'est un sujet difficile. Certains Islandais disent qu'ils sont fiers de vivre dans un pays sans armée. Mais doit-on en faire une question de fierté nationale ou bien de nécessité ? Nous avons les moyens de lever une armée. Mais si nous choisissons de ne pas le faire, nous devrons en accepter les conséquences.

Quelles menaces pèsent sur l'Islande ? 

Depuis la fin de la guerre froide, les menaces n'ont pas disparu. Nous ne sommes qu'à 2 h 30 de l'aéroport de Heathrow (Londres). Nous avons passé des accords internationaux qui nous imposent des obligations. Il n'est pas question que nous soyons le maillon faible du système de sécurité européen. Si je ne pense pas que quelqu'un ait prévu d'attaquer l'Islande, des menaces existent : des militants écologistes s'en sont pris à des gros chantiers dans l'est de l'Islande cet été, des pétroliers passent au large des côtes islandaises. Il est donc impératif que nous modernisions au moins notre défense civile.

Le départ des Américains va-t-il influencer votre politique étrangère, considérée comme proaméricaine ? 

Oui, nous avons soutenu la guerre en Irak. J'aurais trouvé bizarre que nous ne l'ayons pas fait. Nous avons toujours été du côté atlantiste de l'alliance. La question, bien sûr, est de savoir jusqu'où aller dans notre soutien aux Etats-unis.



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